Après une journée de repos, de ravitaillement, nous avions rechaussé nos chaussures à l’attaque de la deuxième partie de cette randonnée mythique. Tous les randonneurs que nous croisions avaient tendance à dire que le Sud était plus facile techniquement. Nous en étions assez contents car nos articulations commençaient à souffrir des terrains accidentés. Il n’y avait plus qu’à vérifier cela sur le terrain. Le problème c’est que le jour de notre reprise, il pleuvait comme en Belgique ( une bonne drache) dès le matin. C’est pourquoi nous avons attendu un peu que la pluie se calme et nous sommes partis vers 14h. Une voiture nous pris en stop et nous étions devant le panneau GR Sud en milieu d’après midi. On ne pouvait plus faire demi tour. Je ne dirai pas que la motivation débordait ce jour là. Il faut dire que la météo agit beaucoup sur mon mental, encore plus si j’ai froid. Et nous savions aussi que nous devions nous rationner car tous les refuges étaient fermés. Et quand on doit compter le nombre de tranche de pain de mie ou bien de petit prince qu’on prend par jour, c’est moins agréable.
Jour 10 sur le GR:
Nous ne pouvions donc pas suivre les étapes comme nous l’avions fais avant car nous partîmes à 15h et le soleil se couche de plus en plus tôt. Au maximum, nous pouvions marcher 3h. La forêt était humide. Le froid n’était pas agréable après ces deux nuits au chaud dans un appartement. Mais le paysage semblait plus doux. Pour la première fois nous avions l’impression d’avoir des chemins de randonnée et non des voies d’escalade. Après 2 heures de montée, le spot était parfait pour mettre la tente, en haut du col. Un rond de pierres pour accueillir notre bivouac était déjà là. Kevin commença à vouloir faire un petit feu pour cuisiner. Ce fut un échec car le bois était trop mouillé. Un peu de charcuterie corse, du pain de mie, du fromage de brebis et au lit. La nuit fut assez froide. Heureusement, nos duvets sont performants.
Jour 11 sur le GR:
Le soleil était de retour. Nous avons même fait une sieste ce jour là sur la terrasse du refuge d’E Capanelle qui n’était plus gardé , histoire de se réchauffer un peu. Puis nous sommes repartis. Les montées étaient de plus en plus difficiles pour les genoux et la fatigue se faisait sentir. Le fait d’être « rationné » me faisait penser à la nourriture non stop. On rêvait à une raclette, à du chocolat… Cette journée là fut difficile mentalement. Toutes les personnes que nous croisions étaient sur la fin du GR, comme nous, et elles étaient fatigués, comme nous. L’ambiance n’était pas motivante. Heureusement le spot de bivouac que nous trouvâmes ce soir là, était parfait. Kevin réussi à faire un feu pendant que je mettais nos duvets en place. Il eu même l’idée de faire bouillir de l’eau pour la mettre dans une bouteille plastique, histoire de réchauffer mon duvet. La frileuse que je suis ne sentait plus ses doigts après le coucher du soleil. Nuit encore très humide.
Jour 12 sur le GR:
Plus les jours passent et plus nous partons tard. L’envie de monter et descendre et remonter et redescendre est moins présente. Kevin développa une nouvelle théorie ce jour là. « Dans l’application WAZE, il y a l’itinéraire le plus rapide et celui, plus lent, dit touristique. Pourquoi ne pas ajouter l’itinéraire corse? C’est à dire l’itinéraire le plus difficile! ». Après 4 heures de randonnée nous avions notre quota pour la journée et nous arrivâmes au refuge de Prati (non gardé). Plutôt que de continuer dans le vent et la brume, nous nous sommes arrêtâmes au chaud. Nous étions seulement tous les deux. C’était un bon endroit pour faire notre lessive, notre vaisselle et se réchauffer grâce au poêle à bois. J’avais bien envie de dormir sur un vrai matelas. Kevin mis environ deux heures à allumer le poêle. Le sol et la cuisine lavés, le refuge était de nouveau assez accueillant. C’est alors que Kevin eu l’idée de faire sécher nos chaussettes plus vite sur le poêle. Mauvaise idée, puisque celui ci fit fondre une de mes paires de chaussettes de rando (inutilisable de fait). Autant vous dire qu’avec une seule paire, je pue clairement des pieds maintenant! Et c’est pas le pied! Merci Kevin. À la tombée de la nuit, deux randonneurs qui doublaient les étapes, arrivèrent, bien heureux de trouver un lieu chauffé et accueillant. Tout le monde s’endormi dans la cuisine pour éviter les punaises de lit, au chaud.
Jour 13 sur le GR:
Cette journée commença avec beaucoup de vent et mes genoux boudaient le dénivelé. Je n’avançais à rien. Heureusement Kevin était en forme pour me motiver. Au milieu de la montée, il me demandait ce que je voulais sur ma pizza… Il commence à bien me connaître et à comprendre ce qui me fait avancer. (Seul on va plus vite, mais à deux, on va plus loin c’est certain!). Puis nous avons vécu un remake du Massif Central en terme d’accompagnement canin pour la randonnée mais cette fois ci, nous étions accompagnés par deux chiens. Cela me rebousta au maximum. 5h de randonnée avec un chien qui passe la tête après chaque rocher pour être sure que tu suis, c’est motivant. Heureusement ces chiens là avaient un collier avec un numéro de téléphone et il semblait connaître le GR par cœur. Pas besoin de chercher les marques. La jeune femelle nous appelait à chaque virage et le vieux mâle, plus craintif, restait derrière et prenait des raccourcis improbables pour sortir en tête. Nous décidâmes d’appeler la famille de ces deux chiens arrivés au prochain refuge et nous furent agréablement surpris de voir celui ci encore ouvert (le dernier). Le gardien, extrêmement sympathique (ça change!), nous appris que ces chiens appartenaient à la famille de Jenifer (star academy). Ce soir là nous étions 10 dans les cuisines du refuge. La plupart faisait le GR dans l’autre sens et c’était intéressant de pouvoir échanger sur le meilleur itinéraire. J’étais remotivée à fond. ( comme quoi il en faut peu). Nous pûmes aussi racheter du pain et des Mars et le fait de moins compter ce que l’on mange était plus agréable pour continuer les 3 derniers jours. Il fut décidé que les chiens repartiraient dans l’autre sens avec les autres randonneurs. Le gardien offrit même l’alcool local (refuge d’Usciolu au top)
J14 sur le GR:
L’idée était de doubler deux petites étapes pour rattraper notre retard et arriver à Conca avec assez de nourriture. Ce fut l’étape la plus belle du GR pour moi. Le lever de soleil fut extraordinaire au dessus des nuages. Le chemin des crêtes offrait une vue incroyable et la journée se termina sur un panorama des aiguilles de Bavella au dessus des nuages. On eu même le temps de s’arrêter faire une sieste et tremper les pieds dans la rivière. Le soir nous arrivâmes en dessous du refuge d’Asinau qui n’existait plus (incendie) et nous partageâmes le dortoir de la bergerie avec un groupe de 4 randonneurs qui triplait les étapes. Il y a dix milles façons de faire le GR. On commençait à le comprendre. Ce qui compte c’est que cela convienne à qui le fait. Pour information le record du GR 20 est de 31 heures et 6 minutes.
Jour 15 sur le GR:
La météo fut estivale. Après avoir ramassé des mûres et fait une tisane à la menthe, nous nous mîmes en marche vers 11h. Nous avions prévus de faire la variante alpine (plus physique) pour gagner une heure et passer de 7h de rando à 6h mais arrivés au pied de la montée…. nous rencontrâmes une dame qui avait l’habitude de croiser des randonneurs épuisés sur le GR. Elle nous mis en garde. Elle nous appris ce qu’était l’immortel corse, un puissant remède qui soigne beaucoup de chose. Nous prîmes le parti de prendre l’itinéraire touristique plutôt que l’itinéraire corsé. Il aurait été bête de se blesser maintenant. Finalement nous gagnâmes beaucoup de temps et nous pûmes nous arrêter au col de Bavella pour manger un tiramisu. C’est bien de voir un peu de civilisation de temps en temps. Il faut dire que ce GR croise très peu de villages. 2h plus tard, en ayant changé complètement de décor, nous arrivions à notre dernier refuge, celui d’I Paliri. Il se passa quelque chose d’assez drôle. Depuis le début du GR avec Kevin, on imagine un randonneur fou, qui arrivé à la fin du GR depuis Calenzana, se dirait, et si je faisais le retour? Et bien pour notre dernière soirée sur le GR nous n’avons pas été déçu. Nous l’avons rencontré ce gars. Il s’appelle Steve et c’est un Suisse. Il a déjà plusieurs voyages à son actif( steve_odiet sur Instagram). Nous avons bien ri. À côté de lui se trouvait Stéphane, aux antipodes. Un belge qui venait se promener sur le GR 20, sans nourriture et sans chaussures de randonnées. Il nous restait un sachet de nouilles chinoises, il n’attendait que lui. Le sourire aux lèvres nous avons bien dormi cette nuit là.
Dernier jour sur le GR:
Le réveil fut matinal. Nous pûmes dire au revoir à Steve qui après avoir fait l’aller en 5 jours, commençait le retour. Nous pensions en avoir fini avec le dénivelé mais les corses ont prévu un GR corsé jusqu’au bout. Après 4h de randonnée une pause aquatique s’imposa. Kevin s’était promis de se baigner dans une piscine naturelle. Le spot était parfait. L’eau n’était pas trop froide. Nous enlevâmes nos vêtements pour nous baigner quelques secondes dans cette eau fraîche et revigorante. 1h plus tard nous étions à Conca, l’arrivée du GR20. Le village semblait bien mort à cette période. On nous pris rapidement en stop. 4 voitures plus tard nous étions à Bonifacio pour nos vacances.
Je peux maintenant checker un point de ma liste de rêves. Ce fut une expérience incroyable et enrichissante. La partager avec Kevin, la rendit encore plus belle. C’est un bon exercice mental aussi. Je la referai à la même époque car la météo a été clémente et au maximum nous croisions une dizaine de personnes dans la journée (l’été les refuges peuvent accueillir jusqu’à 200/250 personnes). Nous l’avons trouvé sauvage. Il y avait beaucoup d’animaux. Bref, n’attendez pas, vivez l’expérience.
Patricia Bodin
Bravo à vous deux, sûrement une très belle expérience.
C est un vrai plaisir de lire vos aventures.
Bon courage et bonne continuation à vous deux, bisous
Patricia
christian COLLET
Merci de nous avoir fait vivre votre belle aventure ! un des rêves d’Adeline.
A bientôt,
Bises . Christian.
ANNICK VAN GINNEKEN
Fallait que je sois a jour!
Bravo et a ce soir…
Annick