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Ecrit avec les pieds

Finalement, de quoi avons nous besoin pour être heureux? Oui, me direz vous, Adeline tu réfléchis beaucoup trop. Mais il faut dire qu’on avale les kilomètres et les jours passent tellement vite. La météo très pluvieuse et mes 3 capuches, m’empêchent parfois de parler avec mon acolyte car je deviens sourde avec la pluie et le vent. Alors je réfléchi à des tas de choses. J’essaie de profiter de l’instant au maximum et des paysages (quand on les voit). On est quand même sur le chemin de Compostelle qui est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous sommes partis depuis maintenant plus de 50 jours de chez nous d’après mon journal de bord. Et quand je pense à ma vie « habituelle » , avec sa routine, rythmée par les horaires, les week ends, les tâches à faire… ça me parait tellement loin. Le voyage, permet vraiment cela: la déconnexion! Et la déconnexion en nature, quel plaisir. Le rapport au temps est tellement différent. On parle « en heure de marche », on vit avec le lever et le coucher du soleil. Chaque rencontre est intense, réelle et on prend le temps de s’intéresser à tout car le temps ne nous presse plus. C’est plaisant la lenteur finalement. Je ne sais même plus ce que c’est d’être stressée. Et donc revient cette question dans ma tête, de quoi avons nous besoin pour être heureux? J’essayais de faire la liste la plus petite possible comme je fais mon sac à dos maintenant pour qu’il soit le plus léger. C’est à dire, seulement l’essentiel.

Qu’est ce qui est vraiment important et essentiel pour être heureux?

Et bien pour moi, la liste se résumerai à 3 choses.

⁃ La bonne santé mentale et physique

⁃ Être bien entouré (famille, amis, amoureux, collègues… ). Avoir des gens sur qui compter, qu’on aime, avec qui on peut passer des bons moments…

⁃ Avoir des projets à réaliser dans tous les domaines (travail, loisirs, voyages, rêves, projets de vie…). Avoir des envies.

Tout peut finalement se résumer par la définition même de la santé(ce qui comprend aussi l’environnement dans lequel on vit, les relations sociales, les activités que nous faisons…). Etre heureux, c’est être en bonne santé. Trois choses donc. CQFD, il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux. 🎶

Toute cette démonstration pour vous expliquer que peu importe la météo, le fait de posséder ou non quelque chose, le fait d’avoir un concours ou non, le fait de réussir ou non un projet, le fait d’être en couple ou non… Ces faits ou ces évènements devraient juste nous « glisser dessus » tant qu’on a le reste.

Aujourd’hui je me sens bien entourée, je réalise des projets fous comme marcher plus de 1000km, je réalise des rêves et j’ai plusieurs projets à venir seule ou à deux. Au niveau santé, à part mes pieds et mes genoux qui souffrent parfois des longues journées de marche, je n’ai jamais été aussi en forme. Donc c’est bien vrai, il en faut peu pour être heureux. La seule chose que je possède c’est un sac à dos avec une tenue de rechange, un duvet, de quoi cuisiner et un peu d’argent pour manger et dormir au sec de temps en temps. Alors lancez vous, je vous assure, « il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire! Un peu d’eau fraîche et de verdure que nous prodigue la nature, quelques rayons de miel et de soleil ( bon c’est pas encore ça le soleil) ».

Bien, maintenant que j’ai planté le décor, et que j’ai cité Balou, je vais vous raconter un peu ces derniers jours. L’âme philosophe kevinienne me déteint dessus et je ne raconte même plus ce pour quoi vous lisez ces lignes: notre aventure.

La traversée de la région de Cantabrie fut apocalyptique et épique je dirai. La météo test notre résistance aux intempéries je crois.

Le 9eme jour nous quittions Bilbao en traversant la ville, passant par le musée original de la ville. Il pleuvait à peine. Nous longeâmes une zone portuaire une bonne partie de la journée avant d’arriver à Portugalete et son pont suspendu très étrange. D’ailleurs nous prîmes le pont, navette, balançoire (je ne sais pas comment le qualifier) avant de passer de l’autre côté de la ville. Nous marchâmes tard ce soir là dans la nuit pour nous éloigner de la ville et trouver un endroit où bivouaquer. Nous trouvâmes un joli palmier pour abriter notre tente et faire chauffer l’eau pour une bonne soupe.

Le 10 eme jour, nous nous réveillâmes sous la pluie et nous suivîmes une longue piste cyclable qui allait jusqu’à la plage de la Arena. Nous étions à jeun et nous nous arrêtâmes pour bruncher dans un petit café en bord de mer à l’abris de la pluie. Une bonne tortillas, un colacao, un zumos de naranja et c’était reparti pour l’après midi. Nous avons longé les falaises (ancienne voie de chemin de fer) avant d’arriver à Ontón dans une auberge tenue par un italien, (l’auberge Tu Camino). Nous fûmes la connaissance d’un autre pèlerin ce soir là: Salvador, un italien.

Le lendemain matin, après un petit déjeuner à base de margarine et de pain blanc sans goût, nous étions en marche. Nous nous arrêtâmes pour manger le midi dans un salon de thé accueillant. Nous commençons à trouver notre rythme de voyage. À cause de la météo, nous faisons une seule pause dans la journée, le midi, mais au chaud. On vise donc des villes ou des villages pour la déjeuner. Et le soir nous nous faisons une petite soupe au coin du feu. Pour ma part, à chaque fois que je voyage, la France fini par me manquer tôt au tard car la gastronomie française me manque. Je ne pensais pas que je pourrai être en manque de beurre cela dit. Et je ne vous parle pas du pain ou du fromage ou des légumes… vivement les repas de famille à Noël. Je disais donc, après cette petite pause au chaud, nous continuâmes notre chemin jusqu’à une église où nous pûmes mettre la tente près des escaliers à l’abris du vent. La pluie et le vent nous accompagnèrent jusqu’au petit matin.

Le 12 eme jour, pour l’anniversaire de Kevin, la météo fut exceptionnellement apocalyptique entre orage, éclaires, grêle, vent, pluie. Je m’attendais même à ce qu’il neige. Mais non. Le ciel doit nous réserver ça pour plus tard je suppose. Au moins l’anniversaire de Kevin fut bien arrosé. Ahah. Nous marchâmes jusqu’à Liendo, un petit village, dans le vent et le froid. Nous nous arrêtâmes au moins 3 h dans ce petit café le temps que nos vêtements sèchent un peu. Il faisait noir dehors, on voyait les éclaires… bref, ça n’était pas un temps à marcher toute la journée dehors. Nous décidâmes de rejoindre un ville côtière et touristique en début d’après midi. Nous arrivâmes à Laredo où nous pûmes profiter d’un dortoir chez les petites sœurs trinitaires. Nous retrouvâmes notre ami italien et je me mis à cuisiner un bon repas d’anniversaire.

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Le 13 eme jour nous visions Guemes à 30 km car les autres pèlerins qui dormaient avec nous chez les sœurs, nous dirent qu’il y a avait une Albergue à ne pas louper sur le chemin du Nord et c’était celle du père Ernesto, un père globe trotteur. Au vue de la météo, nous nous motivâmes à marcher ces 30 km avec nos supers capes oranges. On ressemble un peu à des super héros qui bravent le climat. On a un style qui défit tout le monde. Kevin ajoute en plus des sacs poubelles sur le dessus des chaussures. Donc quand on traverse une ville, on a le droit à des regards insistants sur nos tenues! Ils ne connaissent rien à la mode françaises! Nous prîmes un bateau qui traversait la baie de Laredo et nous mangeâmes à Noja, une jolie ville côtière. Kevin qui est quasi bilingue anglais et espagnol, m’enseigne l’espagnol. C’est difficile car je n’ai aucune base. J’ai fais allemand à l’école. Mais je suis fière de vous dire que je ne mourrai pas de faim en Espagne car je sais passer une commande para comer comme une grande. Le soir nous passâmes une soirée sympathique à table avec ce fameux père Ernesto, un couple de russe, un couple d’espagnol, un français, Salvador (l’italien), un suisse allemand et une péruvienne.

Le 14 eme jour, nous prîmes un autre bateau pour Santander et nous nous arrêtâmes dans un AirBnB pour nous reposer un peu. C’est chez Maria que nous dormirent. Nous pûmes faire une machine à laver. La météo était de nouveau apocalyptique alors nous fûmes obligés de manger une bonne pizza pour nous réchauffer. On ne fera pas comme sur le GR20. On ne va pas perdre de poids sur ce chemin, on va peut être même en prendre…

Le 15 eme jour, la pluie se calma un peu. Nous marchâmes tranquillement avant de prendre un train qui nous évitait un détour de 7 km. Sur le chemin, il y a plein de raccourcis ou de chemins alternatifs et selon les jours nous devons faire certains choix. Il n’y a plus vraiment de chemins officiels mais plusieurs possibilités. Nous ne savons jamais vraiment combien de km il nous reste car tous les panneaux se contredisent et donnent une distance différente jusqu’à Compostelle. Ce soir là nous nous arrêtâmes dans un champ. Nous pûmes faire un feu pour nous réchauffer avant de dormir.

Le 16 eme jour, nous marchâmes jusqu’à la plage de Cobreces où nous mangeâmes en compagnie d’un chien très joueur qui ne ne laissais pas beaucoup les mains libres pour manger. Le chemin, ces derniers jours, est assez long et fait mal au pied car nous marchons essentiellement sur l’asphalte. C’est moins amortissant et sympathique que les chemins. Quand nous le pouvons nous empruntons les plages. Nous nous arrêtâmes tôt sous le porche d’une église sympathique à l’abris de la pluie.

Le 17 eme jour et dernier jour en Cantabrie fut le plus épique. La journée commença tôt par un réveil sous la pluie. On s’y habitue presque! Nous traversâmes le très jolie village de Comillas qui est classé dans les plus beaux villages d’Espagne. Nous marchâmes sur la plage jusqu’à san Vincent de la Barqueta. Le soleil, que nous n’avions pas vu depuis plus de 10 jours fut une apparition timide. Nous mangeâmes notre tortillas quotidienne accompagnée de ses croquettas. Nous étions comblés et motivés pour finir la région de Cantabria. De plus, au loin, nous apercevons les pics d’Europe, enneigés. C’est tres beau et assez inhabituel pour la saison. Jusque là tout va bien. Puis la nuit tombe et il nous reste 1h de marche. Kevin appel l’albergue pour prévenir que nous arriverons plus tard. Nous nous enfonçons dans une forêt humide et sombre en bord de fleuve et au bout d’une heure, nous ne voyons aucune lumière… Nous regardons notre GPS et évidemment nous ne sommes plus sur le chemin et l’albergue se trouve maintenant à 2h de marche…. Découragés, fatigués avec les pieds en compote, je rêve à un spa bien chaud avec un massage de tout le corps… Nous arrivons à une route et nous arrêtons une voiture qui finira par nous déposer à l’albergue (5 min de voiture). Et ce que je ne dis pas depuis le début de cette région, c’est que Kevin a perdu un caleçon sur les deux qu’il avait, il a oublié une fois ces bâtons de randonnées. Une autre fois il a oublié son appareil photo dans une boulangerie… Et j’étais bien heureuse de ne pas entrer dans ce tourbillon. Mais arrivés à l’albergue, accueillis par Maria et sa maman. Un de ces accueils chaleureux qui tombe à pic après une grosse journée de marche, je me rend compte que nous n’avons plus nos bâtons de randonnée. J’enlève mes chaussures boueuses et je m’assoie pour prendre un thé chaud. Kevin repart avec Maria Luz en voiture pour aller les chercher. Je me retrouve nez à nez avec une grand mère qui ne parle pas une autre langue que l’espagnol. Nous mimons deux trois trucs. La seule chose que je sais dire c’est: « j’aimerais un jus d’orange pressé svp » et ça n’est pas très adapté à la situation. Heureusement Kevin revient vite me sauver. Quel handicap de ne pouvoir communiquer. Nous nous retrouvons dans cette auberge très sympathique, chaleureuse, en donativo avec une chambre et une salle de bain pour deux. Tout ce dont nous avions besoin. Après un bon massage au baume du tigre et une bonne nuit de repos nous avons enfin un petit déjeuner qui ressemble à quelque chose à base de confiture et de gâteaux maisons. La meilleure Albergue depuis le début. Maria nous fait même un gros câlin en partant. Le top.

Aller je vous laisse, il nous reste environ 600 km à faire… bientôt la moitié du chemin de Compostelle.

Des photos de Cantabria

Posted by Ecrit avec les pieds on Thursday, 14 November 2019

Comments:

  • Patricia Bodin

    15 novembre 2019

    C est toujours un plaisir de lire vos péripéties, bon courage pour la suite .
    Pleins de bisous à vous deux

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      • Laurie CESBRON

        15 novembre 2019

        Wow wow wow, sacrés péripéties…. courage ! Continuez de profitez de la simplicité ! Gros bisous

        reply...

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