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Ecrit avec les pieds

Le 4 décembre nous étions en marche avec des plans de Tiny plein la tête pour notre Comète. Nous n’avions pas beaucoup dormi car nous pensions beaucoup à nos projets post Compostelle. Nous avions presque oublié le poids du sac et la difficulté à faire un feu avec du bois mouillée. Heureusement que Kevin est persévérant. Après seulement 10 kilomètres, à 20h, fatigués, nous étions déjà couchés. Nous avions planté la tente dans une forêt d’eucalyptus qui sent bon. Il y en a beaucoup en Galice. Elles sont plantées pour le bois. Nous apprîmes aussi qu’il y a beaucoup de loups dans ces endroits mais nous n’en vîmes pas un. 

Le 39 ème jour, le réveil fut difficile et humide. Nous partons de plus en plus tard. Il était midi passé quand nous commencèrent à marcher. Kevin a mal au dos. Nos sacs sont lourds car nous nous sommes ravitaillés à Compostelle. Heureusement nous faisons des pauses colacao pour nous motiver. Nous plantâmes la tente dans une forêt de nouveau et le feu fut très difficile à démarrer.

Le lendemain, j’ouvre les yeux difficilement et je vois Kévin réveillé, qui me regarde. C’est une première. D’habitude c’est moi qui le réveille. Je commence à être très fatiguée je crois. Tout est humide dans la tente et les odeurs de nos sacs et nos vêtements commencent à ne plus être très agréable. Les joies du camping ! Heureusement Kevin sait me redonner l’envie. Petit déjeuner au coin du feu. Nous rencontrons un italien qui vient même se réchauffer avec nous. A 11 h nous partons. Le soleil est présent depuis presque 5 jours de suite. La marche devient plus facile. On sent qu’on se rapproche de la mer. Nous arrivons à 19h30 dans une auberge dans le petit village médiéval d’Olveiroa, dans la douleur vers 19h30. Un restaurant et une douche plus tard, tout est oublié. Nous sommes au chaud. Les oréos (sortes de garde-manger, séchoirs) sont éclairés et magnifiques dans ce petit village.

Nous sommes le 7 décembre, à la veille de l’arrivée au kilomètre zéro. Nous commençons à tirer le bilan de notre cohabitation. Il faut dire que nous avons été quasi essentiellement tous les deux car avec la météo nous n’avons pas croisés beaucoup de marcheurs. A part la météo, le reste a été facile. D’ailleurs la météo de ce 41 ème jour est pluvieuse et dans le brouillard. Nous ne voyons pas très loin et pourtant nous sommes certains que les paysages sont grandioses. Nous avançons entre les fermes intensives, les collines et les forêts. Parfois on aperçoit un bout de lac. On suppose qu’au loin, normalement on peut voir la mer. Nous montons notre tente sous la pluie battante. Et nous mangeons un repas froid dessous. Il fait déjà noir mais je suis impatiente d’être au kilomètre zéro. 

Ce 42 ème jour et dernier sur Compostelle, nous partons de notre emplacement vers midi, attendant que la pluie cesse. A 14h30, nous sommes dans la ville de Fisterra qui n’a rien de très charmant mais le soleil arrive. La mer est belle. C’est le temps idéal pour manger un petit quelque chose en terrasse. A 15h30 nous sommes en direction du phare et du fameux kilomètre zéro. Il ne reste plus qu’un kilomètre. Je sens l’émotion montée en moi. Je ne vais quand même pas pleurer devant une pierre ? Je cache ce qui me trouble à Kévin qui est devant moi. Et voilà qu’il fait un genre de compte à rebours. « Plus que 300 mètres » me dit-il. Merde, mon cœur s’accélère. Ma voix intérieure me demande de me ressaisir. Kévin me donne la main. On aperçoit la dernière borne au loin. Nous sommes dimanche, il fait beau, il y a des touristes partout, venus en voiture. Nous sommes les seuls pèlerins à arriver à cet instant. « 100 mètres ! ». Zut, une larme. Nous y sommes, et voilà que je suis en larme. Plus de 1000 km pour voir cette borne qui n’a pourtant rien d’extraordinaire à part qu’elle a une belle vue sur le phare et la mer. Waw ! 1000 km, je ne réalise pas et en même temps je suis tellement contente d’y être arrivée. C’est un exploit pour moi. 1000 km avec mon amoureux. Pas un seul moment nous n’avons eu envie d’arrêté. Nous avons eu des hauts et des bas de motivation à cause de la pluie mais nous avons gagné. Kévin, lui, est heureux d’être à nouveau ici. Il est 17h, nous attendons le coucher du soleil. A la tombée de la nuit nous fêtons ce voyage avec un bon restaurant, presque gastronomique. Un petit feu, une bonne nuit en tente à côté du phare et la joie de se dire que nous ne serons plus obligés de marcher beaucoup désormais. 

Le lendemain nous visitons une rivière qui se jette dans la mer à Erzato puis nous prenons le bus pour Compostelle de nouveau. Une bonne lessive de toutes nos affaires, un dernier restaurant partagé avec Jean Christophe, un autre pèlerin et c’est déjà le moment de repartir vers la France. 17H de bus plus tard nous sommes à Toulouse pour commencer à remonter en stop tranquillement sur plusieurs jours.

Si je fais le bilan rapide de ces 3 mois de voyage en quelques chiffres.

Jours de voyages : 90

Jours de marche : 60 dont 5 jours dans le massif central, 16 jours sur le GR20 et 39 sur Compostelle

Jours de pluie : 37 dont 34 sur Compostelle

Gamelles renversées : 2 

Affaires perdues : le caleçon de kévin, les lunettes de soleil de kévin

Paires de chaussettes abimées : deux paires d’Adeline

Nuits en tente : 38 

Chiens amicaux : 8

Chutes : 1 pour Adeline, 1 pour Kévin

Visite surprise : 1 (Benoit et Pascale)

Colacao : 25 chacun

Comments:

  • Laurie

    28 décembre 2019

    Vous pouvez être fières de vous !!! Moi en tout cas je le suis !!!
    En lisant tout ça, ça donne envie de faire la même chose ! mais… sous le soleil quand même !!

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  • Patricia Bodin

    28 décembre 2019

    Effectivement je suis très d accord avec Laurie, à lire ça donne presque envie de faire au moins un petit bout de ce chemin mais par contre avec du soleil ou au moins du temps sec, bravo à vous deux d avoir tenu jusqu’au bout malgré l’otite cette pluie.

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  • 30 décembre 2019

    Merci d avoir partagé votre aventure.
    J ai moi aussi versé une larme au kilometre 0. C est sûrement le coeur gros que vous êtes rentrés et que vous avez dû vous séparer. Je vous envoie tous les encouragements pour vos futures aventures.

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