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Ecrit avec les pieds

Vous l’attendiez, il est enfin là. Voici enfin le dernier article de cette épopée. J’ai mis du temps à l’écrire. Il faut dire que c’est assez difficile de clôturer un aussi beau voyage et le fait de l’écrire, ça devient plus réel alors que je n’ai pas l’impression d’avoir encore atterri pour le moment. J’ai donc eu quelques difficultés pour relater les derniers jours de notre aventure. Et j’avoue que j’attendais aussi d’être rentrée au chaud et d’avoir un ordinateur car écrire un article sur le téléphone, c’est moins agréable. 

L’étape Galicienne a duré une vingtaine de jour en tout. Et c’était une étape importante puisqu’elle marquait une fin avec un bilan de plus de 1000 km à deux mais elle marquait aussi un début, un commencement. Et oui, qu’allons-nous faire après ça ? Qu’allons-nous retenir de notre voyage ? Toutes ces questions sont arrivées les unes après les autres et je dois dire que plus on se rapprochait du kilomètre zéro et plus je réfléchissais. J’étais partagé entre l’envie de rester et l’envie de rentrer et d’attaquer les nouveaux projets. 

Le 25 ème jour sur le chemin de Compostelle correspondait à notre entrée en Galice et au 65 ème jour de notre voyage. Quand on repense à notre randonnée dans le Massif Central, elle nous parait très très loin. 

Notre première étape galicienne commença, évidemment, sous un temps « breton ». Ce jour-là, je me rappelle que je râlais beaucoup car il pleuvait beaucoup lors de notre départ et je n’avais pas envie de marcher mais le soleil vint me convaincre que la journée s’annonçait meilleure que je ne le pensais. Nous n’avions pas de provision et nous pensions manger dans un de ces petits bars que nous affectionnons tant pour leur animation villageoise. Et nous marchâmes longtemps. Mentalement, je me concentrai pour ne pas trop me plaindre et ennuyer Kevin quand tout à coup, nous avons fait la rencontre d’un chien assez drôle. Et moi, quand il y a un chien affectueux, j’oublie toute ma mauvaise humeur. Ce chien nous fit pleurer de rire car au-delà de son affection pour nous, il avait une allure de clown. Sa tête n’allait pas du tout avec son corps. Vous irez voir les photos. Il nous suivi quelques kilomètres avant que nous nous arrêtions manger. Après plus de 20 km de marche, nous décidâmes de chercher un lieu pour camper et nous passâmes à côté d’un stade de foot. Par chance un vestiaire avec toilette, douche et eau potable était ouvert et comme la météo ne s’arrangeait pas, je convaincu Kevin de dormir dans le vestiaire. Nous installâmes notre matériel pour qu’il sèche. Le stade était désert. C’était un lieu parfait. Quand vers 19h, nous commençâmes à entendre des voix. Et oui, le dimanche soir, c’est entrainement ! Visiblement on ne dérangeait personne dans ce vestiaire visiteur et nous y passâmes la nuit tranquillement et à l’abri du vent.

Le 27 ème jour ressembla au 26 ème concernant la météo. Les départs se faisaient de plus en plus tard. L’envie d’avancer fut moins présentes sur ces jours-ci. Cette journée fut marquée par une montée interminable (presque Corse) en pleine forêt d’éolienne. J’admirai Kévin persévérer pour faire un feu sous la pluie dans la nuit tombante. 

Je me rappelle que ce 28 ème jour sur Compostelle, la première phrase que nous nous sommes dit au réveil avec Kevin, c’est que nous ne sentions pas très bons. Bah oui, ça faisait plusieurs jours de suite que l’humidité était assez présente et nos chaussettes ne pouvaient pas sécher ainsi que nous duvets. Alors c’était décidé, nous dormirons dans une auberge et nous ferons une machine à laver en arrivant. Il y avait un vent à décorner des bœufs comme dirait ma grand-mère. Le but était de faire au moins 15 km pour avancer mais sur notre pause du midi, nous nous arrêtâmes manger au chaud dans une auberge et nous n’en avons pas décollé de la journée (tant pis pour les 15 km). En plus, il y avait le chauffage au sol et nous avons dormi à 4 dans un dortoir de 40 personnes. 

Le lendemain, nous étions remotivés. Mes vêtements sentaient la lessive et nos chaussures étaient sèches. Le temps était nuageux mais pas pluvieux ce qui nous permis d’avancer correctement. A 17h, nous nous arrêtâmes prendre un déjeuner/diner dans un café et nous rencontrâmes un couple de français qui était à vélo. La discussion fut axée sur la météo et la difficulté du chemin sous la pluie. Il faut dire que tout le monde est mis à l’épreuve mentalement dans ce genre de situation. Je pense qu’être à deux et pouvoir compter l’un sur l’autre m’a beaucoup aidé à garder le sourire. D’ailleurs ce soir-là, après nos patatas fritas, nous étions surmotivés bien que la nuit soit tombée et nous continuâmes à marcher une bonne heure à la frontale sous la pluie avant de s’arrêter sous un porche d’église pour mettre la tente. Une bonne journée de 30 km à pied.

Pour ce 30 ème jour, nous voulions nous arrêter en auberge en arrivant tôt pour profiter d’être à l’abris dans la ville de Baamonde. C’est la ville qui est à 100 km de Santiago. En arrivant à l’albergue nous rencontrâmes Tim, un néerlandais sympathique. Le début d’après-midi avait bien commencé. J’étais affalée sur mon lit dans cette auberge vide où nous étions que 3. Quand Tim vint me dire qu’il avait trouvé 5 punaises de lit sur son lit…. Kevin bondit de son lit et nous commençâmes à mettre toutes nos affaires à l’abri le plus possible. A ceux qui se nous trouve courageux de dormir en tente, je répondrai que c’est bien plus pratique car au moins nous ne risquons pas les invasions de bêtes en tout genre et nous ne subissons pas les ronflements des autres randonneurs. Kevin mis des huiles essentielles de lavande et de citronnelle autour de nos affaires et nous croisâmes les doigts pour ne pas avoir de colocataires dans nos sacs le lendemain.

A 100 km de Compostelle, nous nous sommes lancé un nouveau défi. Le jour 31 commença sous la pluie et nous avions décidé de ne manger que des raisins pendant 3 jours (monodiète) pour nous désintoxiquer de la friture espagnole. Plus les jours passent et moins nous avons envie de manger au restaurant tous les jours. Ce jour là nous avions la possibilité de prendre plusieurs raccourcies qui faisait gagner une dizaine de kilomètres mais en contre partie on était loin de la civilisation. Alors qu’il pleuvait et que nous étions sur un chemin de terre, un monsieur s’arrêta et nous imposa presque de monter dans sa voiture. Il nous avança donc de 10 km, ce qui nous fit gagner 2h de marche. Nous étions remotivés pour avancer le plus loin possible. Nous marchâmes jusqu’à 19h30 pour arriver dans une auberge municipale. Nous étions trempés. Mais ce fut notre journée la plus productive car nous avons fait quasiment 35 km ce jour-là. Nous étions partis à la borne 100 et nous arrivions dans la ville de Boimorto à 50 km de Compostelle. Comme quoi, la diète de raisin, ça fait avancer.

Le 32 ème jour fut encore très humide, heureusement nous ne visions pas plus de 10km car nous avions bien marché la veille. Nous pûmes arriver à Azura en début d’après-midi. Azura est la ville au croisement du chemin français plus emprunter et du chemin du nord. Nous nous attendions donc à rencontrer plus de monde et ce fut le cas puisque en une soirée nous étions avec un américain, des asiatiques, un allemand, une brésilienne…

Le lendemain, nous avions l’impression d’être sur une autoroute. En l’espace d’une heure nous avions vu autant de pèlerin qu’en 1 mois sur le chemin du Nord. Beaucoup de pèlerin ne font que les 100 derniers kilomètres qui permettent d’avoir la Compostella (« diplôme qui permet d’aller au paradis »). Nous rencontrâmes un jeune français prénommé Pierre Loup qui fit une partie avec nous. Il nous expliqua qu’il faisait le chemin français et qu’il était avec tout un groupe francophone. Ce jour fut le premier depuis longtemps sans cape de pluie. Ce fut très plaisant. Nous nous arrêtâmes le soir dans une forêt d’eucalyptus pour y poser la tente. Nous étions à la veille d’arriver dans la ville dont tout le monde parle. J’étais surexcitée. 

Le 34 ème jour (30 novembre) commença par un réveil matinal dut au nombre de pèlerin qui emprunte le chemin de bon matin pour arriver tôt à Compostelle. Nous nous mîmes en marche. Nous rencontrâmes Valentin, un français parti de Lyon qui voyageait avec sa brouette taguée. Lui aussi faisait parti de la bande de francophone. Nous décidâmes de tous nous rejoindre dans la même auberge à Santiago. L’arrivée dans cette ville mythique est particulière. Il y a une effervescence. Les gens nous félicitent au fur et à mesure que nous nous approchons de la cathédrale. Certains s’embrassent sur la place. On entend la corne muse. L’ambiance est chaleureuse. La ville est jolie. Les rues étroites. Et la cathédrale est vraiment très belle. Entre les touristes et les pèlerins, il y a un peu de monde, même à cette période, alors je n’ose pas imaginer ce que cela doit être en plein été. Nous arrivâmes en début d’après-midi. Nous déposâmes nous affaires à l’auberge pour être plus libre et visiter la ville. Mais avant tout, il faut aller chercher sa Compostella (diplôme en latin) et il faut aller dire bonjour à Jacques. La cathédrale était en travaux à l’intérieure mais elle reste impressionnante. Après un bon repas, une petite visite à pied de la ville, nous étions de retour à l’auberge. La plupart des pèlerins font la fête. Nous, nous étions morts de fatigue et à 21h, je dormais. 

Nous nous étions aménagés une pause de 3 jours avant de repartir sur le chemin en direction de Fisterra. Nous pûmes ainsi visiter le musée des pèlerins, faire nos achats de souvenir. L’ami d’une amie de Kevin (José), qui est galicien, nous emmena visiter la cité de la culture. C’est un énorme bâtiment en forme de coquille Saint Jacques qui accueille notamment des évènements culturels. Il nous emmena manger un repas typique galicien avec son poulpe mariné dans un genre de restaurant routier où il est normal de cracher les coques de cacahouètes sur le sol du bar. En tout cas ce fut 3 jours de soleil. Et cela faisait très longtemps que nous ne l’avions pas vu. Nous pûmes faire sécher notre tente, laver nos vêtements, nous reposer. 

Dans la nuit de 3 décembre, la veille de reprendre notre randonnée, nous eûmes une idée comme une évidence et ce fut la naissance d’un nouveau projet à deux que nous appellerons « comète » : la construction d’une tiny house. Il faut dire que quand on voyage avec un sac à dos qui comporte tout ce dont vous avez besoin depuis 3 mois, l’idée de devenir minimaliste et de vivre dans un petit espace apparait soudain comme une évidence. Donc un de nos projets 2020 consistera certainement à construire notre Tiny House, notre Comète. 

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