Chemin de Compostelle: le Pays basque espagnol
Et vous, jusqu’où iriez vous par amour? C’est la question que je me suis posée quand après 2 jours de marche, j’ai aperçue une borne avec écrit: « 795 km de Santiago » (et il faut ajouter 100 km de plus pour aller jusqu’à Fisterra). Donc il nous restait 895 km à parcourir. L’espace d’un instant le découragement et la fatigue m’a envahi puis j’ai tourné la tête et j’ai vite changé d’avis en voyant les yeux malicieux de celui qui m’accompagne. Je me sens bien accompagné dans ce périple et je sais pourquoi je le fais. Bon il faut dire que Kevin m’a suivi dans mon délire GR 20, un délire à 13 000 m de dénivelé positif quand même! Donc son délire à lui est plus ou moins équivalent, le chemin est juste différent et promet d’autres épreuves.
Et donc nous étions repartis à pied ce 28 octobre pour poursuivre cette belle aventure et continuer à apprendre à nous connaitre avec cette manière peu commune qui est de faire plus de 1000 km à pied. Nous étions rechargés en émotions positives après ces quelques jours riches en rencontres, et en amitié dans le sud de la France. Il était temps de remettre notre maison sur le dos et d’accomplir notre 3 eme et dernière étape. Comme je l’écrivais dans un article précédent, le chemin de Saint Jacques de Compostelle est plutôt une idée kevinienne. El Camino del Norte est le chemin du nord qui suit la côte. Il est réputé pour être le plus beau sentier et le moins fréquenté surtout pendant cette période automnale. Kevin ayant déjà fais le chemin français (El camino frances), il avait l’idée de refaire Compostelle mais par un chemin différent et accompagné de sa copine. C’est là que j’entre dans l’histoire et que je me retrouve devant ce panneau qui affiche qui me reste plus de 800 km à faire.
J’avais l’idée qu’après le GR20 il serait difficile pour moi de m’extasier devant un paysage. Il faut dire que la corse, c’est plutôt mega topissime en terme de beauté, donc je ne m’attendais pas à être éblouie par la côte espagnole. J’étais déjà allée plusieurs fois en Espagne du côté méditerranéen et j’avais trouvé ça très beau mais la corse à côté… Et bien ce fut une belle erreur de ma part. Le pays basque espagnol est très étonnant. Le pays basque français aussi d’ailleurs. Le paysage est très vert, valloné, et on a à la fois la mer et la montagne. C’est un peu un mélange de Bretagne et de Massif Central avec une météo extraordinaire (du moins les 3 premiers jours!). Vous l’aurez compris, gros coup de cœur pour cette région.
Ainsi après une belle nuit chaude sur la plage d’Hendaye, il était temps pour nous de passer à la poste pour envoyer un colis et se débarrasser du poids en trop, non nécessaire dans nos sacs (souvenirs corses, topoguide du GR20) puis d’acheter nos credentiales (petit carnet dans lequel le pèlerin collectionne des tampons sur le chemin pour prouver qu’il fait bien le chemin à pied) à l’office du tourisme.
La première journée fut difficile physiquement. Je trouvais mon sac bien trop lourd. Mes genoux avaient certainement perdu aussi l’habitude de marcher et nous avons fais quand même pas mal de dénivelé. Après avoir ramassé des châtaignes et de la menthe, nous avons trouvé un spot sympathique près d’une Église pour bivouaquer et cuisiner.
Le deuxième jour, la météo était digne d’un mois d’été et les paysages de bord de mer vraiment splendides. Le chemin traverse beaucoup de villages contrairement au GR20 et il est facile de se ravitailler ainsi nous pûmes manger une pizza dans le petit port de Pasaia au soleil avant de prendre un bateau navette pour traverser le village. Nous rencontrâmes un monsieur qui tenait absolument à nous expliquer comment régler nos sac à dos et nous transmettre la spiritualité du chemin. Il nous parla d’une communauté qui vivait à 2h de marche sur le chemin et qui était très accueillante… Nous prîmes l’information mais dans l’idée de camper plus loin de toute façon. Il faisait beau et si on fait des auberges tous les jours, le budget ne sera pas le même. Puis à 18h, à la tombée de la nuit nous passâmes devant le panneau de cette communauté. Nous n’avions pas encore trouvé d’endroits où planter la tente et cette rencontre devait être un signe donc nous allâmes au devant de cette très belle maison. Nous fûmes reçu avec beaucoup de chaleur. Cette maison étaient habitée par plusieurs familles. Les femmes étaient toutes habillées de la même façon, les hommes avaient tous les cheveux longs… Ils nous expliquèrent leur façon de vivre et leurs croyances. Ce fut un moment délicieux autour d’un repas cuisiné du poisson pêché le matin même par les hommes. Ils vivaient des produits qu’ils faisaient ou cultivaient. Leur pain fut gustativement merveilleux. Après le repas, les uns après les autres prenaient la guitare pour chanter tous ensemble. Ils étaient de différents pays et d’une bienveillance et d’une gentillesse évidente. J’avais l’impression d’être dans un monde parallèle. Ce soir là nous étions les seuls pèlerins à dormir ici. J’avais donc le dortoir des filles pour moi toute seule et Kevin le sien. À 22h les lumières de la maison étaient toutes éteintes (règle de la communauté). Il faut dire que le petit déjeuner est servi tôt.
Le lendemain après un petit déjeuner copieux, le soleil nous accompagna et nous pûmes acheter du pain et quelques victuailles dans l’épicerie bio de cette communauté à San Sebastián (yellow deli si vous êtes de passage là-bas, on vous conseille le restaurant et l’épicerie bio). Le problème à pouvoir se ravitailler souvent, c’est qu’on a envie de bien manger et donc qu’on achète plus. Surtout que les prix des denrées sont nettement moins chers que sur le GR. Je peux vous dire qu’on a bien senti le poids de notre gourmandise ce jour là. Nous traversâmes plusieurs villages très jolis comme Orio par exemple. Nous mirent un peu de temps à trouver un endroit où dormir et cuisiner notre riz coco curry aux châtaignes. Après 1h30 de cuisine sur le feu (et oui ça se mérite un repas), nous nous écroulâmes de fatigue dans notre petit chez nous.
Ce quatrième jour, la pluie fit son entrée. Nous profitâmes d’un arrêt à Zarautz pour le petit déjeuner. La ville de Zumaia fut très belle à traverser. La météo était chaude et humide. Le soir nous trouvâmes un champ où camper près d’un point d’eau et nous devions cuisiner un peu. Le problème quand il a plut ou qu’il pleut c’est que démarrer un feu prend beaucoup plus de temps. La notion de temps pour cuire du riz devient très différente de celle à la maison. On est obligé de prendre le temps pour faire toutes les tâches quotidiennes. C’est intéressant de réfléchir aussi à ça. (ça y est je commence à comprendre la spiritualité du chemin). Ces derniers jours la fatigue est plus intense. Peut être est ce à cause de la longueur de notre voyage ou bien au changement d’heure et au fait qu’il fait nuit plus tôt…
Le cinquième jour fut encore pluvieux. Mon moral descendait en flèche. Autant j’adore faire du camping, autant en faire sous la pluie, c’est moins fun. Marcher sous la pluie n’est pas dérangeant si on sait que le soir on peut faire sécher nos affaires mais en tente c’est plus délicat. Nous nous arrêtâmes à Deba. L’envie d’un chocolat chaud fut trop forte pour ne pas s’arrêter un peu. J’en profitais pour allumer mon téléphone quand je reçu un sms de mon père qui me disait qu’il avait faim et soif… je l’appela ne comprenant pas son message… et il me demanda où nous étions. 20 minutes plus tard il était là avec ma belle mère. Ce fut le genre de surprise qui fait du bien à la tête. Un petit restaurant, une balade en voiture sous la pluie, ils nous ramenèrent sur le chemin (20 km plus loin! Chut!). Nous pûmes même leur donner des affaires que nous voulions envoyer par colis pour nous alléger à nouveau. Après leur avoir dis au revoir, nous marchâmes 30 minutes sous la pluie avant de rejoindre un monastère (classé au patrimoine basque) pour la nuit. Nous assistâmes dans ce magnifique endroit, avec un péruvien qui dormait avec nous, à l’office religieux en écoutant les chants des prêtres qui nous avaient accueillis. Nous partageâmes le repas et le lit fut bien confortable loin de la pluie et de la tempête.
Le sixième jour, la pluie était plus présente que jamais, nous nous déguisâmes avec des sacs poubelles pour contrer la pluie avant de partir marcher. Il faut dire qu’on est bien équipé pour le froid (j’ai même racheté une doudoune) mais pour la pluie nous n’avons rien de plus que nos ponchos et nos K-ways et nos chaussures bien abîmées par le GR20 ne nous protègent plus très bien de la pluie et des glissades. Espérons qu’elles nous emmènent au bout (encore 800 km). Le soir nous nous arrêtâmes à l’auberge de Gernika qui n’est pas extraordinaire. Kevin a même réussi à vider un dortoir en trouvant une punaise de lit sur son lit, provoquant la panique générale et la désertion du dortoir. En changeant de chambre, nous ne fûmes pas plus chanceux car pire que les punaises, les ronfleurs étaient de sortis (vive les boules quiès pour ma part, Kevin dormi seul avec les punaises retournant dans la chambre initiale)
Le septième jour, nous prîmes notre temps. La météo n’était pas trop humide. Notre quête à la recherche des marques jaunes commença en début d’après midi. Le chemin n’oblige pas à regarder ses pieds non stop et à penser à la prochaine montagne que l’on va escalader et donc il amène à plus sentir son corps et le poids du sac parfois et c’est tout aussi difficile. Il laisse la tête plus libre et permet de se questionner sur le sens de la vie, les choses essentielles, l’avenir… La lenteur de la marche ajoute une saveur particulière à cette réflexion. Et finalement le chemin fait travailler l’endurance du mental. Et quand une voiture nous klaxonne pour nous encourager ou qu’un passant nous lance un « buen camino », la tête avance plus facilement. Ce soir là nous avons marché jusqu’à 19h dans la nuit avant de trouver un champ accueillant pour notre tente. Il se mit à pleuvoir au moment de la monter et Kevin ne put allumer de feu. Ce fut un repas froid sous la tente et un bon dodo.
Ce dernier jour en terre basque ne fut pas le plus sympathique. En moins de 1h, j’étais trempée jusqu’à ma petite culotte et je ne vous parle pas de mes pieds. La marche s’est fait au mental pendant 19 km. Nous avons longé longtemps une grande route droite passante sans intérêt. Et quand nous sommes arrivés dans la grande ville de Bilbao, nous cherchions d’abord le décathlon pour s’équiper un peu mieux contre la pluie (Les sacs poubelles c’est sympa mais… ). Un petit resto au chaud, un airBnB, une machine… et le moral remonte déjà en flèche. Rien de tel qu’un bon lit chaud et une bonne douche, d’autant plus qu’il pleut encore et toujours et que la météo n’a pas prévu de nous montrer du soleil la semaine prochaine…
La suite au prochain épisode… plus que 750km
Un petit coucou de Bilbao où nous sommes passés chez décathlon pour nous équiper face à cette météo humide. On a hésité…
Posted by Ecrit avec les pieds on Tuesday, 5 November 2019
marie luce
Bon courage,je vous souhaite plus de soleil .
Mais pourquoi les photos sont à l’envers.
Merci de partager votre voyage
Bisous,A bientot
Lise
Pas drôle la pluie… on compatit !!! Mais trop sympa de vous lire et de voir vos belles photos de paysages de vous 2.
Courage Adeline ! Tu as un mental d’enfer en tout cas ! Tu as fais 19 kms trempée, chapeau !
Voici ma blague préférée pour les moments humides et froid : c’est l’histoire d’un pingouin qui respire par les fesses. Un jour, il s’assoit et meurt !
Bisous les z’amis !
Adeline
Merci Lise. Et merci pour la blague. 👍
Laurie
les photos à l’envers rajoute un charme de fou !
j’espère que le moral est bon, que les jambes et le corps tiennent, et j’ai hâte de vous retrouver que vous me montriez tout ce que vous avez accompli !
Pleins de bisous bibliothèque en attendant,
la petite soeur
Laurie
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